Françoise LATOUR, responsable des relations extérieures de Dehondt Composites
Des matériaux bio-sourcés, mélangeant fibres de lin et autres composés...
Depuis plusieurs années, grâce à sa filiale Dehondt Composites, le Groupe développe des matériaux bio-sourcés, mélangeant fibres de lin et autres composés, offrant plus de légèreté et de résistance aux pièces techniques commandées par ses clients.
La PME innove encore et toujours…
Avec une densité proche de celle du carbone, le lin permet des applications nombreuses dans les matériaux composites : nautisme, bâtiment, transport, sport et loisirs, électronique… « Dans le lin tout est exploitable, de la fibre aux coproduits », lance avec le sourire Françoise Latour, responsable des relations extérieures de Dehondt Composites.
Que de chemin parcouru depuis la création de l’entreprise en 1920. L’entreprise familiale seinomarine Dehondt, fondée par Elie Dehondt et son fils Georges-Joseph (deux Belges ayant combattu en France pendant la première guerre mondiale) n’est d’abord qu’un atelier de teillage (séparation de la fibre textile) du lin.
Puis, en 1953, les deux hommes imaginent, conçoivent et produisent des machines dédiées à la récolte et à la transformation de la matière première. Leur objectif était de mécaniser et d’accompagner les pratiques culturales en respectant la plante afin de ne pas abîmer les caractéristiques intrinsèques des fibres et leur potentiel technique.
Des innovations par grandes étapes
En 2000, 90% de la production de lin fibre était exportée vers l’atelier du monde qu’est la Chine, pour la filière textile. Ce contexte de mono marché, mono client interpelle le Groupe Dehondt, qui exprime la volonté de chercher d’autres débouchés au lin.
Un virage important est pris en 2003. Le Groupe Dehondt se diversifie. Après le matériel, les dirigeants de l’entreprise se lancent dans l’exploitation des qualités essentielles du lin comme renfort en plasturgie et composites. « L’innovation est dans la substantifique moelle du Groupe, co-dirigé par Guy et Guillaume Dehondt (père et fils),souligne Françoise Latour. L’entreprise se caractérise en effet par une longue tradition d’innovations en matière de mécanisation du travail de cette noble fibre. » Il en sera de même pour les nouveaux matériaux. Le Groupe Dehondt à l’affut des tendances et des innovations va alors se lancer dans la R&D sur les matériaux composites à base de lin. La PME dépose un premier brevet en 2003.
L’année suivante, un Département Composites voit le jour (SAS Dehondt Composites en 2016, qui adhère à SOTRABAN). Les choses s’accélèrent ensuite : le Groupe Dehondt intègre le réseau BPI Excellence et devient membre du label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV). Avec d’autres partenaires, l’entreprise seinomarine fonde la filière FIMALIN en 2009 afin de structurer et de promouvoir une nouvelle filière « lin technique dédiée » structurante destinée aux applications industrielles ouvrant des débouchés nouveaux à la filière agricole régionale.
Grâce aux travaux de son bureau d’études intégré, le groupe Dehondt s’est forgé une solide réputation dans la fabrication et la commercialisation de renforts biosourcés à base de fibre de lin pouvant être associés à des résines thermoplastiques. On en retrouve ainsi dans des coques de smartphone, des montures de lunette, des supports de tablette, des boomerangs, des dômes de tranquillité, des pièces pour l’automobile, des panneaux muraux, du mobilier d’intérieur ou de tentes de toit…
En 2016, la société a investi dans une ligne en continu d’imprégnation calandrage haute pression voie sèche de deux mètres de large. « Depuis 2017, cet équipement unique en France renforce notre présence dans les matériaux et les semi-produits composites, indique Françoise Latour. Disponible en prestations R&D et production, cette machine fait émerger de nouvelles idées d’applications chez nos clients. Elle stimule leur besoin de nouveautés ».
Ainsi, la société Solstiss, spécialisée dans le tissage de la dentelle de Calais-Caudry, s’est rapprochée de Dehondt Composites pour élaborer ensemble un futur panneau d’aménagement intérieur préservant la douceur de la dentelle mais avec la résistance apportée par le lin. « Le résultat est bluffant », assure Françoise Latour. Ce panneau sandwich Nattex Panel (Trophée Bronze Bâtimat2017 Aménagement Intérieur) est également exploité par la société NaïtUp dans la fabrication des planchers basculants de leur modèle de tente Hussarde Quätro pour toit de voiture.
Le lin a beaucoup d’avenir
Petit à petit, la fibre de lin aux multiples qualités (légèreté, résistance au feu, moins de composés organiques volatils,performances acoustique et thermique…) ambitionne de remplacer une partie de la fibre de verre et de carbone utilisée. Ainsi, certains secteurs comme l’aéronautique ou l’automobile fragilisés par l’envolé des coûts des carburants seront obligés de se mettre au régime afin de perdre du poids pour réduire leur consommation. Les objectifs environnementaux de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) encouragent les entreprises à innover sur des matériaux exploitants des ressources renouvelables, agricoles non alimentaires et recyclables.
L’utilisation de la fibre de lin comme matière première peut avoir d’autres avantages plus inattendus. « Le dirigeant du constructeur français Zodiac Nautic nous a dit que l’utilisation du lin comme matière première pour la fabrication de planchers de bateaux semi-rigides avait permis de supprimer les contraintes liées au dégagement de particules irritantes des fibres de verre et donc d’améliorer la qualité de vie au travail », conclut Françoise Latour. En innovant et en étant à l’écoute de ses clients, Dehondt composites tisse un avenir très technique au lin.
[1] Environ 50 % des fibres de lin produites sur la planète proviennent des plaines normandes. Aucune autre région d’Europe n’a la chance d’être assise sur un tel tas d’or vert.